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Bulletin Nexus - juillet 2025

  • Isabelle DESARNAUD
  • 21 juil.
  • 4 min de lecture

Cette édition de NEXUS devrait vous parvenir le 11 juillet, jour où nous célébrons saint Benoît. Parmi nous, les bénédictins, cette journée est fêtée de différentes manières : simplement comme la solennité de notre Saint Père, ou comme la commémoration de la translation de ses reliques de Montecassino à Fleury, ou – ici en Europe – comme sa fête en tant que principal patron de l’Europe. Je passerai cette journée à l’abbaye de Worth en Angleterre, où j’ai été invité pour une grande fête communautaire et également comme conférencier principal pour la « Benedict Week », un événement promu par la Communauté laïque de saint Benoît, de grands promoteurs des valeurs et de la spiritualité bénédictines au Royaume-Uni.


Il y a deux jours, une journaliste d’EWTN m’a interviewé à propos de la médaille de saint Benoît. Pour la plupart d’entre nous, cette médaille n’est pas l’élément le plus important de notre patrimoine, mais elle a un large attrait et des millions de fidèles la portent comme un signe de protection. Le dessin actuel, créé pour le jubilé de 1880, explique en partie cette popularité. La séquence de lettres « mystérieuse » – CSSMDNDSMDVRSSMQLIVB – ajoute, je crois, à la fascination. C’est une énigme et elle laisse entrevoir quelque chose de plus vaste. Et une fois l’énigme résolue, le texte archaïque – avec dragons et poison – évoque des images riches et nous transporte dans un monde empreint d’aventure, de danger et de salut. Cette prière colorée a été formulée à la fin du Moyen Âge, peut-être à l’abbaye de Metten, mais elle n’a pas de lien direct avec saint Benoît lui-même. Cela n’a pas d’importance – une grande tradition peut incorporer généreusement différents courants. Et pour ce qui est des recherches en ligne benédictines, la médaille attire beaucoup de chercheurs vers nos sites bénédictins.


Il y a quelques jours, je suis rentré d’un long voyage à travers l’Italie, la France et la Suisse. Sous le titre de travail « Tour de France », le père Patrick et moi avons visité 13 communautés ainsi que le lieu de naissance de saint Anselme à Aoste. L’objectif principal était de rencontrer les monastères directement placés sous l’autorité de l’abbé primat. J’en ai désormais visité cinq ; il ne me reste plus que le Weston Priory aux États-Unis. Comme tous mes prédécesseurs, je tente de réduire progressivement leur nombre en aidant ces communautés à rejoindre des congrégations. Il ne s’agit pas seulement de simplifier mon travail. Je suis convaincu qu’en ces temps difficiles, une congrégation peut offrir un degré de supervision, d’assistance et de solidarité que l’abbé primat à lui seul ne peut pas fournir.


Un autre point fort de mon voyage a été la découverte de monastères ayant adopté l'ancien usage liturgique, c'est-à-dire ce que le pape Benoît XVI appelait la forme extraordinaire. Il y en a une dizaine dans notre Confédération, la plupart en France. C'est une partie de notre monde monastique avec laquelle je n'avais auparavant aucun contact. Comme l'abbé primat a pour mission de représenter l'ensemble de notre monde bénédictin, j'ai ressenti le besoin de me familiariser avec cette réalité. Il ne s'agissait cependant pas de visites, mais simplement de visites fraternelles, et malheureusement, comme toujours, trop courtes. Quatre points m'ont marqué : tout d'abord, l'hospitalité y était chaleureuse et bienveillante partout ; ensuite, j'ai eu l'impression d'une observance monastique très sérieuse dans toutes ces maisons ; enfin, et contrairement à ce que certains pourraient penser, j'ai ressenti avec force la communion de ces maisons avec le successeur de Pierre et avec notre famille bénédictine, vaste et variée. Enfin, ces monastères semblent être dans une phase de stabilité, voire de croissance : il y avait des novices et des junioristes dans toutes les maisons visitées, et j’ai entendu parler de deux projets de fondation. L’expérience de la diversité a également été enrichissante pour moi : Fontgombault et ses maisons-filles présentent des éléments caractéristiques de la Congrégation de Solème, ce que je pourrais peut-être qualifier d’« élégance monastique », tandis que Le Barroux et La Garde présentent des traits plus bruts, typiques de la tradition Subiaco-Muard dont ils sont issus. J’ai ainsi découvert une partie dynamique de notre monde bénédictin.


Je termine sur une note personnelle. Un nouveau blason n’était pas ma priorité, mais après environ neuf mois, j’ai fini par commander un projet que vous trouverez joint à ces notes. Sur le côté gauche – que les spécialistes en héraldique appellent droite – vous verrez les anciens armoiries de Sant’Anselmo, utilisées depuis l’origine de notre maison sous l’abbé primat Hildebrand de Hemptinne. Elles sont associées à une étoile sur des vagues. L’étoile provient de ma devise « Respice Stellam », tirée à son tour d’une sermon de saint Bernard sur Notre-Dame, Étoile de la Mer. Il la décrit comme refuge, consolation et aide lorsque de grandes épreuves se profilent. Les vagues argentées complètent cet image et évoquent aussi ma patrie, Bad Wörishofen en Bavière, un petite ville réputée pour ses eaux vivifiantes.

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Dans l’hémisphère nord, c’est désormais la saison des vacances. Sant’Anselmo est déserté et une petite équipe s’efforce de maintenir la maison en activité pendant l’été. Toutes nos communautés n’observent pas de congés formels, mais j’espère que vous trouverez tous quelques jours ou moments de détente et de repos, jusqu’à ce que je vous écrive de nouveau à l’automne prochain.


Abbé Primat Jeremias Schröder


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