En septembre 2007, des moines et moniales du Bénin, du Burkina, de la Côte d'Ivoire et du Togo dans le cadre d'une session de formation pour les formateurs - Structure Sainte-Anne - ont rencontré l'empereur des Mossi, le Moogho Naaba, et pendant deux jours, l'un de ses principaux ministres, le Larle Naaba Tigre.
Au Burkina Faso, la chefferie traditionnelle continue à jouer un rôle important dans le pays, elle apporte une stabilité et une unité dans le peuple, elle évite aussi des situations de tension politique et de conflits sociaux.
Cette rencontre entre des religieux chrétiens et les gardiens des valeurs traditionnelles de ce peuple Mossi a été une première. La presse nationale a relevé l'évènement. Cette rencontre et la qualité de l'accueil de la part de l'empereur et de sa cour ont été source d'une grande émotion pour les moines présents.
Ce fut l'occasion d'un échange sur les valeurs de l'obéissance. Valeur essentielle pour l'éducation des jeunes Mossi, elle permet l'insertion de l'individu dans le groupe, dans le monde et dans la nature à laquelle l'homme ne peut commander qu'en lui obéissant. Elle permet aussi l'harmonie entre les vivants et avec les ancêtres.
Extrait de la conférence du Larle Naaba Tigre.
« Nos grands-parents n'ont jamais pensé que l'être à qui l'on demande d'obéir leur est inférieur. Au contraire, ils ont toujours considéré qu'en obéissant, cet homme développe sa valeur et ses qualités. Pour y parvenir, l'éducation doit y mettre le prix, celui de la rigueur à garder une constance dans ses actes et dans ses comportements. L'intégrité et la supériorité de l'être, dans la logique traditionnelle, ne résident pas dans la théorisation de ce qu'on fait de sa liberté d'expression, de mouvement et d'action. Elles émanent de la capacité de l'homme à socialiser toutes les bonnes habitudes et attitudes qu'on lui enseigne et de son degré d'intelligence de les exhumer pour les mettre en pratique au moment où personne ne s'y attendrait. Cette éducation, c'est la conscience ou plutôt c'est l'échafaudage de la conscience, elle doit être cultivée par l'obéissance, semée, arrosée, elle touche à l'éthique, à l'esthétique et au ludique. C'est une valeur, c'est une entité qu'on ne peut pas traduire dans une équation à découvrir dans un laboratoire ! Elle contient une force invincible, parce qu'elle revient toujours à la surface, alors même qu'on croit qu'il n'y a plus que la mort, la destruction totale, l'annihilation, la néantisation. La conscience est le guide qui gouverne le foyer incandescent de l'esprit humain. La conscience c'est la responsabilité »
Citation du Moogho Naaba
« Celui qui met le respect au cœur de sa vie en récoltera les fruits. Par contre, celui-là qui manque de respect aux autres en paiera le prix, tout comme celui qui ne sait pas rester modeste lorsqu'on le respecte en lui obéissant ».