Dom Négusse Woldai, ocist
Abbé de la communauté d’Asmara (Érythrée)

Le monachisme cistercien
de rite guèze

 

Le guèze (ou ge’ez) est la langue abyssinienne classique aujourd’hui utilisée uniquement comme langue liturgique. Dans notre monastère, nous prions les heures en guèze, mais les lectures des Écritures et des pères sont en tigrigna en Érythrée, et en amharique en Éthiopie ; toutes deux en dérivent.

LiturgiecistDès le début, les intentions de l’Église et de notre fondateur, le vénérable abba Fesseha Ghebreamlak, étaient d’ériger un monachisme catholique pour les catholiques indigènes, parallèlement à l’Église orthodoxe, sœur existante d’Abyssinie (Éthiopie et Érythrée).

À l’initiative et par la médiation de la Congrégation pour les Églises orientales, la congrégation cistercienne de Casamari est devenue le berceau du projet en acceptant le futur fondateur abba Fesseha Ghebreamlak qui était prêtre diocésain, et d’autres qui ont suivi ses traces.

Ils ont été formés selon la règle de saint Benoît, les Constitutions de la congrégation de Casamari, avec l’intention claire de suivre le rite guèze, une fois de retour chez eux, et d’établir la vie monastique cistercienne en Érythrée.

En 1940, le premier groupe de cisterciens, composé de trois Italiens et de quatre Érythréens, arriva dans la capitale de l’Érythrée, Asmara, pour établir son premier monastère dans une localité appelée Beleza, à 13 km au nord de la capitale. Plus tard en 1948, le monastère a été transféré à Asmara.

Ce n’était pas facile d’avoir deux rites, latin et guèze, dans le même monastère pendant les premières décennies, mais ils ont réussi à marcher ensemble sous la Règle bénédictine. En 1960, lorsque le premier moine érythréen abba Thimoteos Tesemma a été élu supérieur, seul le rite guèze était utilisé en Éthiopie et en Érythrée.

Comme observance commune cistercienne, nous vivons selon la devise : « Ora et labora ».


LiturgiegueezVie liturgique

Notre psalmodie comprend 150 psaumes et 15 cantiques des prophètes ; elle est continue, et elle se répartit sur deux semaines. Cela signifie que toutes les deux semaines, nous commençons par le psaume 1.
La liturgie monastique des heures en semaine comprend :

1. 1er nocturne : Il comprend les psaumes et lectures respectifs de l’Écriture, suivis d’une courte prière appelée Liton.

2. 2e nocturne : Psaumes respectifs et lecture des Pères suivis de Weddasie Mariam (louange à la Vierge Marie de saint Ephrem le Syrien).

3. Laudes : Psaumes respectifs suivis de Kidan Zalalit (du Testamentum Domini) I et II.

4. Divine liturgie (Sainte Messe).

5. Tierce et sexte à 12 h 30.

6. Vêpres à 18 h 15 tous les jours (15 h 30 les fêtes…).

7. Le chapitre et complies à 20 h 45 sont conclus avec le Salve Regina en langue guèze.

LiturgiechapLes dimanches et jours de fête, notre psalmodie est l’Office divin cathédrale selon la liturgie du rite guèze. Comme d’habitude, la veille, les Vêpres sont chantées, puis tôt le matin la Vigile commence au chant du coq, c’est-à-dire 3 heures ou 4 heures, jusqu’à la Divine liturgie ou Sainte Messe.
Les dimanches ordinaires ont leur propre thème et leur nom.

Nous utilisons les instruments de musique traditionnels pendant l’office cathédrale tels que les tambours, les sistres et la canne ou le bâton de chœur de soutien, la danse liturgique accompagnée de battements de mains et de voix hurlantes de mères et de sœurs. Ici aussi les fidèles se joignent à cette psalmodie.

Nous avons notre lectionnaire traditionnel et calendrier liturgique (12 mois de 30 jours chacun, plus 5 ou – l’année bissextile – 6 jours supplémentaires). Ici, nous insérons quelques fêtes de saints et commémorations de l’Église romaine et bénédictine. Selon la tradition de l’Église catholique éthio-érythréenne, la Divine liturgie quotidienne est célébrée soit à voix basse, soit chantée, tandis que la tradition de l’Église orthodoxe sœur est toujours chantée le dimanche, les jours de fête et lors d’occasions spéciales, tels que le mariage, les services funéraires ou la messe des défunts, le baptême des nourrissons où les sacrements de confirmation et de communion (c’est-à-dire les sacrements d’initiation) qui sont administrés simultanément, etc.

Le jeûne est observé près de 200 jours par an avec rigueur. Dans la tradition de l’Église orthodoxe, les jours de jeûne, la Divine liturgie est célébrée à partir de midi, alors que nous la célébrons le matin.