Dom Jean-Pierre Longeat, Président de l'AIM
Evangelii gaudium
« La joie de l’Évangile »
Pour ouvrir ce nouveau numéro du Bulletin de l’AIM, mettons-nous à l’écoute de l’exhortation du pape François, Evangelii gaudium, appliquons-la à notre contexte propre et laissons-nous déplacer par elle.
La joie de l’Évangile dans la rencontre de Jésus Christ
Le Pape insiste tout d’abord sur la rencontre personnelle de Jésus Christ et sur la joie qu’elle procure, sans se laisser décourager par nos erreurs et nos éloignements : « Il y a des chrétiens qui semblent avoir un air de Carême sans Pâques » (n° 7). Il est bon de se rappeler ici que saint Benoît, dans sa règle, mentionne justement la joie à l’occasion du Carême. Ce temps liturgique est tout imprégné de l’allégresse du désir spirituel, avec la joie venant de l’Esprit Saint dans l’attente de la sainte Pâque (RB 49, 6-7).
« Que le monde de notre temps qui cherche, tantôt dans l’angoisse, tantôt dans l’espérance, puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l’Évangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers reçu en eux la joie du Christ. » (No 10)
La tradition monastique demande habituellement au moine une certaine gravité. Saint Benoît invite à ne pas se laisser aller à des rires épais et à des plaisanteries de mauvais goût, mais pour autant, il n’est pas interdit et même il est recommandé aux moines et aux moniales d’avoir un visage avenant, ouvert, illuminé par un sourire plein de grâce. D’ailleurs, il arrive bien souvent que lorsque des laïcs rencontrent des moines à titre personnel, ils s’aperçoivent qu’ils sont généralement joyeux avec un grand sens du recul en toute chose leur donnant un humour bien nécessaire et très réconfortant. Oui, même pour des moines, des moniales, des frères et des sœurs en saint Benoît, c’est bien dans l’allégresse du désir spirituel que leur vie est amenée à se déployer sous la conduite de l’Évangile.
Une Église en sortie
Le chapitre 1 de l’exhortation porte sur le fait que l’évangélisation appelle l’Église à ne pas se replier sur elle-même mais à être constamment « en sortie », proche de tous et surtout de ceux qui sont éloignés et que personne ne rejoint à l’ordinaire.
« La communauté évangélisatrice, par ses œuvres et ses gestes, se met dans la vie quotidienne des autres, elle raccourcit les distances, elle s’abaisse jusqu’à l’humiliation si c’est nécessaire, et assume la vie humaine, touchant la chair souffrante du Christ dans le peuple. » (No 22)
Le mot « sortie » n’implique pas obligatoirement un mouvement qui disperse vers l’extérieur, mais plutôt un état d’esprit qui ne focalise pas toutes les attentions sur la seule organisation interne de la communauté. Une communauté monastique doit pouvoir se penser missionnaire sans repli sur elle-même, en communion avec d’autres communautés, préoccupée de tous ceux qui viennent vers elle, souvent de loin, ou de tous ceux qu’elle côtoie d’une manière ou d’une autre.
Évangélisation par la liturgie
Dans le cadre de la vie monastique, le témoignage liturgique est particulièrement important. Sur ce point, les recommandations de l’exhortation rejoignent profondément la préoccupation des communautés monastiques ; celles-ci tentent en effet d’acheminer vers le beau et le bien leurs membres et tous ceux qui les côtoient, au cœur d’une existence qui se veut réellement œuvre de Dieu, opus Dei.
« L’évangélisation joyeuse se fait beauté dans la liturgie, dans l’exigence quotidienne du progrès vers le bien. L’Église évangélise et s’évangélise elle-même par la beauté de la liturgie, laquelle est aussi célébration de l’activité évangélisatrice et source d’une impulsion renouvelée à se donner. » (No 24)
Quelques chantiers importants
Le Pape souligne à partir du n° 52 quelques chantiers auxquels les moines et les moniales ne se montreront certainement pas indifférents :
Non à une économie de l’exclusion
« De même que le commandement de “ne pas tuer” pose une limite claire pour assurer la valeur de la vie humaine, aujourd’hui, nous devons dire “non à une économie de l’exclusion et de la disparité sociale”. Une telle économie tue. Il n’est pas possible que le fait qu’une personne âgée réduite à vivre dans la rue, meure de froid ne soit pas une nouvelle, tandis que la baisse de deux points en bourse en soit une. Voilà l’exclusion. On ne peut plus tolérer le fait que la nourriture se jette, quand il y a des personnes qui souffrent de la faim. C’est la disparité sociale. Aujourd’hui, tout entre dans le jeu de la compétitivité et de la loi du plus fort, où le puissant mange le plus faible. Comme conséquence de cette situation, de grandes masses de population se voient exclues et marginalisées : sans travail, sans perspectives, sans voies de sortie. On considère l’être humain en lui-même comme un bien de consommation, qu’on peut utiliser et ensuite jeter. Nous avons mis en route la culture du “déchet” qui est même promue. Il ne s’agit plus simplement du phénomène de l’exploitation et de l’oppression, mais de quelque chose de nouveau : avec l’exclusion reste touchée, dans sa racine même, l’appartenance à la société dans laquelle on vit, du moment qu’en elle on ne se situe plus dans les bas-fonds, dans la périphérie, ou sans pouvoir, mais on est dehors. Les exclus ne sont pas des “exploités”, mais des déchets, “des restes”. » (No 53)
Ce premier point est complété par quelques paragraphes dont nous ne donnons ici que les titres suffisamment parlants : « Non à la nouvelle idolâtrie de l’argent », « Non à l’argent qui gouverne au lieu de servir », « Non à la disparité sociale qui engendre la violence ».
L’AIM est sensible aux constats que dresse l’exhortation à la suite des interventions de plusieurs évêques des différents continents sur des défis culturels majeurs pour l’avenir du monde.
– « Les évêques africains, reprenant l’encyclique Sollicitudo rei socialis, il y a quelques années, ont signalé que, souvent, on veut transformer les pays d’Afrique en simples “pièces d’un mécanisme, en parties d’un engrenage gigantesque. Cela se vérifie souvent aussi dans le domaine des moyens de communication sociale qui, étant la plupart du temps gérés par des centres situés dans la partie nord du monde, ne tiennent pas toujours un juste compte des priorités et des problèmes propres de ces pays et ne respectent pas leur physionomie culturelle”. »[1]
– « De la même manière, les évêques d’Asie ont souligné “les influences extérieures qui pèsent sur les cultures asiatiques. De nouveaux modes de comportement apparaissent par suite d’une exposition excessive aux médias. […] Il en résulte que les aspects négatifs des médias et des industries du spectacle menacent les valeurs traditionnelles”. »[2]
– « La foi catholique de nombreux peuples se trouve aujourd’hui devant le défi de la prolifération de nouveaux mouvements religieux, quelques-uns tendant au fondamentalisme et d’autres qui semblent proposer une spiritualité sans Dieu. Ceci, d’une part est le résultat d’une réaction humaine devant la société de consommation, matérialiste, individualiste, et, d’autre part, est le fait de profiter des carences de la population qui vit dans les périphéries et les zones appauvries, qui survit au milieu de grandes souffrances humaines, et qui cherche des solutions immédiates à ses propres besoins. Ces mouvements religieux, qui se caractérisent par leur subtile pénétration, viennent remplir, dans l’individualisme dominant, un vide laissé par le rationalisme qui sécularise. » (No 63)
Ces points nous semblent importants au regard des défis auxquels nos monastères sont confrontés partout dans le monde. Nos communautés sauront-elles coordonner harmonieusement l’avènement de la personne humaine et la cohésion du tissu communautaire ? C’est sans doute l’un des points d’attention majeurs pour l’avenir de la vie monastique.
Le défi de l’inter-culturalité
Dans le chapitre sur l’annonce de l’Évangile, le Pape évoque la diversité culturelle. C’est là un sujet d’actualité pour nos communautés. Nous redonnons ici plusieurs numéros de l’exhortation apostolique qui peuvent recevoir une application directe dans nos communautés.
« Le Peuple de Dieu s’incarne dans les peuples de la terre, chacun de ses membres a sa propre culture. La notion de culture est un précieux outil pour comprendre les diverses expressions de la vie chrétienne présentes dans le peuple de Dieu. Il s’agit du style de vie d’une société précise, de la manière propre qu’ont ses membres de tisser des relations entre eux, avec les autres créatures et avec Dieu. Comprise ainsi, la culture embrasse la totalité de la vie d’un peuple. Chaque peuple, dans son évolution historique, promeut sa propre culture avec une autonomie légitime. On doit cela au fait que la personne humaine “de par sa nature même, a absolument besoin d’une vie sociale”[3], et elle se réfère toujours à la société, où elle vit d’une façon concrète sa relation avec la réalité. L’être humain est toujours culturellement situé : “Nature et culture sont liées de façon aussi étroite que possible”[4]. La grâce suppose la culture, et le don de Dieu s’incarne dans la culture de la personne qui la reçoit. » (No 115)
« Bien comprise, la diversité culturelle ne menace pas l’unité de l’Église... L’évangélisation reconnaît avec joie ces multiples richesses que l’Esprit engendre dans l’Église. Ce n’est pas faire justice à la logique de l’incarnation que de penser à un christianisme monoculturel et monocorde. S’il est bien vrai que certaines cultures ont été étroitement liées à la prédication de l’Évangile et au développement d’une pensée chrétienne, le message révélé ne s’identifie à aucune d’entre elles et il a un contenu transculturel. C’est pourquoi, en évangélisant de nouvelles cultures ou des cultures qui n’ont pas accueilli la prédication chrétienne, il n’est pas indispensable d’imposer une forme culturelle particulière, aussi belle et antique qu’elle soit, avec la proposition de l’Évangile. Le message que nous annonçons a toujours un revêtement culturel, mais parfois dans l’Église nous tombons dans une sacralisation vaniteuse de la propre culture, avec laquelle nous pouvons manifester plus de fanatisme qu’une authentique ferveur évangélisatrice. » (No 117)
« Les évêques de l’Océanie ont ainsi demandé que chez eux l’Église “fasse comprendre et présente la vérité du Christ en s’inspirant des traditions et des cultures de la région” et ils ont souhaité que “tous les missionnaires travaillent en harmonie avec les chrétiens autochtones pour faire en sorte que la foi et la vie de l’Église soient exprimées selon des formes légitimes appropriées à chaque culture”[5]. Nous ne pouvons pas prétendre que tous les peuples de tous les continents, en exprimant la foi chrétienne, imitent les modalités adoptées par les peuples européens à un moment précis de leur histoire, car la foi ne peut pas être enfermée dans les limites de la compréhension et de l’expression d’une culture particulière. Il est indiscutable qu’une seule culture n’épuise pas le mystère de la rédemption du Christ. » (No 118)
Annonce de l’Évangile dans les contextes sociaux
Le chapitre 4 de l’exhortation concernant le souci de l’engagement pour l’évangélisation des moyens sociaux est tout à fait capital et doit inspirer l’attitude de nos communautés dans les contextes socio-culturels qui sont les leurs. Il est nécessaire de se reporter à l’intégralité de ce chapitre pour en tirer le meilleur profit.
Accents spirituels
Le chapitre 5, quant à lui, donne les bases spirituelles de l’œuvre d’évangélisation. Il constitue à lui seul comme un petit traité dans lequel les frères et les sœurs de la tradition bénédictine n’auront pas de mal à se retrouver. Ils trouveront là une source d’inspiration renouvelée. Citons encore quelques passages :
« Quand on dit que quelque chose a un “esprit”, cela désigne habituellement les mobiles intérieurs qui poussent, motivent, encouragent et donnent sens à l’action personnelle et communautaire. Une évangélisation faite avec esprit est très différente d’un ensemble de tâches vécues comme une obligation pesante que l’on ne fait que tolérer, ou quelque chose que l’on supporte parce qu’elle contredit ses propres inclinations et désirs…. » (No 261)
« Évangélisateurs avec esprit signifie évangélisateurs qui prient et travaillent. Du point de vue de l’évangélisation, il n’y a pas besoin de propositions mystiques sans un fort engagement social et missionnaire, ni de discours et d’usages sociaux et pastoraux, sans une spiritualité qui transforme le cœur. Ces propositions partielles et déconnectées ne touchent que des groupes réduits et n’ont pas la force d’une grande pénétration, parce qu’elles mutilent l’Évangile. Il faut toujours cultiver un espace intérieur qui donne un sens chrétien à l’engagement et à l’activité. » (No 262)
« Il est salutaire de se souvenir des premiers chrétiens et de tant de frères au cours de l’histoire qui furent remplis de joie, pleins de courage, infatigables dans l’annonce, et capables d’une grande résistance active. Il y en a qui se consolent en disant qu’aujourd’hui c’est plus difficile ; cependant, nous devons reconnaître que les circonstances de l’empire romain n’étaient pas favorables à l’annonce de l’Évangile, ni à la lutte pour la justice ni à la défense de la dignité humaine.
« À tous les moments de l’histoire, la fragilité humaine est présente, ainsi que la recherche maladive de soi-même, l’égoïsme confortable et, en définitive, la concupiscence qui nous guette tous.
« Cela arrive toujours, sous une forme ou sous une autre ; cela vient des limites humaines plus que des circonstances. Par conséquent, ne disons pas qu’aujourd’hui c’est plus difficile ; c’est différent. Apprenons plutôt des saints qui nous ont précédés et qui ont affronté les difficultés propres à leur époque. À cette fin, je propose que nous nous attardions à retrouver quelques motivations qui nous aident à les imiter aujourd’hui.[6] » (No 263) Deux de ces points sont rapportés ici :
La présence de Jésus
« Le véritable missionnaire, qui ne cesse jamais d’être disciple, sait que Jésus marche avec lui, parle avec lui, respire avec lui, travaille avec lui. Il ressent Jésus vivant avec lui au milieu de l’activité missionnaire. Si quelqu’un ne le découvre pas présent au cœur même de la tâche missionnaire, il perd aussitôt l’enthousiasme et doute de ce qu’il transmet, il manque de force et de passion. Et une personne qui n’est pas convaincue, enthousiaste, sûre, amoureuse, ne convainc personne. » (No 266)
Le plaisir spirituel d’être un peuple
« La Parole de Dieu nous invite aussi à reconnaître que nous sommes un peuple : “Vous qui jadis n’étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu” (1 P 2, 10). Pour être d’authentiques évangélisateurs, il convient aussi de développer le goût spirituel d’être proche de la vie des gens, jusqu’à découvrir que c’est une source de joie supérieure. » (No 268)
« Parfois, nous sommes tentés d’être des chrétiens qui se maintiennent à une prudente distance des plaies du Seigneur. Pourtant, Jésus veut que nous touchions la misère humaine, la chair souffrante des autres. Il attend que nous renoncions à chercher ces abris personnels ou communautaires qui nous permettent de nous garder distants du cœur des drames humains, afin d’accepter vraiment d’entrer en contact avec l’existence concrète des autres et de connaître la force de la tendresse. Quand nous le faisons, notre vie devient toujours merveilleuse et nous vivons l’expérience intense d’être un peuple, l’expérience d’appartenir à un peuple. » (No 270)
La prière missionnaire
« Il y a une forme de prière qui nous stimule particulièrement au don de nous-mêmes pour l’évangélisation et nous motive à chercher le bien des autres : c’est l’intercession. Regardons un instant l’être intérieur d’un grand évangélisateur comme saint Paul, pour comprendre comment était sa prière. Sa prière était remplie de personnes : “En tout temps dans toutes mes prières pour vous tous […] car je vous porte dans mon cœur” (Ph 1, 4.7). Nous découvrons alors que la prière d’intercession ne nous éloigne pas de la véritable contemplation, car la contemplation qui se fait sans les autres est un mensonge.
« Cette attitude se transforme aussi en remerciement à Dieu pour les autres : “Et d’abord je remercie mon Dieu par Jésus Christ à votre sujet à tous” (Rm 1, 8). C’est un remerciement constant : “Je rends grâce à Dieu sans cesse à votre sujet pour la grâce de Dieu qui vous a été accordée dans le Christ Jésus” (1 Co 1, 4) ; “Je rends grâce à Dieu chaque fois que je fais mémoire de vous” (Ph 1, 3). Ce n’est pas un regard incrédule, négatif et privé d’espérance, mais bien un regard spirituel, de foi profonde, qui reconnaît ce que Dieu même fait en eux. En même temps, c’est la gratitude qui vient d’un cœur vraiment attentif aux autres. De cette manière, quand un évangélisateur sort de sa prière, son cœur est devenu plus généreux, il s’est libéré de l’isolement et il désire faire le bien et partager la vie avec les autres.
« Les grands hommes et femmes de Dieu furent de grands intercesseurs. L’intercession est comme “du levain” au sein de la Trinité. C’est pénétrer dans le Père et y découvrir de nouvelles dimensions qui illuminent les situations concrètes et les changent. Nous pouvons dire que l’intercession émeut le cœur de Dieu, mais, en réalité, c’est lui qui nous précède toujours, et ce que nous sommes capables d’obtenir par notre intercession c’est la manifestation, avec une plus grande clarté, de sa puissance, de son amour et de sa loyauté au sein de son peuple. » (Nos 281-283)
Ainsi, encouragés par une telle exhortation, les moines et les moniales sont invités à se rendre missionnaires de l’Évangile par leur vie même, dans la joie du Christ ressuscité, soucieux de n’être pas repliés sur eux-mêmes, conscients des grands enjeux de notre temps et de certains chantiers prioritaires, profondément inscrits dans la lutte contre l’injustice et enracinés dans une expérience venant de l’Esprit Saint avec l’alimentation de la Parole de Dieu, de la prière et de la liturgie. Ils seront alors de véritables témoins auprès des populations environnantes et des hôtes nombreux qui « ne manquent jamais au monastère ».
[1] Jean-Paul II, Exhort. Apost. Postsynodale Ecclesia in Africa (14 septembre 1995), n° 52 : AAS 88 (1996), 32-33 ; Ia Lett. enc. Sollicitudo rei socialis (30 décembre 1987), n° 22 : AAS 80 1988), 539.
[2] Jean-Paul II, Exhort. Apost. Postsynodale Ecclesia in Asia (6 novembre 1999), n° 7 : AAS 92 (2000), 458.
[3] Ibid. n° 53.
[4] Ibid. n° 53.
[5] Jean-Paul II, Exhort. Ap. post-synodale Ecclesia in Oceania (22 novembre 2001), n° 17 : AAS 94 (2002), 385.
[6] Cf. V. M. Fernández, « Espiritualidad para la esperanza activa. Discurso en la apertura del I Congreso Nacional de Doctrina social de la Iglesia (Rosario 2011) », dans UCActualidad 142 (2011) 16.